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 Noctambule

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Aleksis Cole
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Aleksis Cole

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MessageSujet: Noctambule   Noctambule Icon_minitimeMer 13 Oct - 21:10

M. Cole, je vous laisse une journée de repos.

Merci Dr Dakar.

Je vais faire un rapport au Dr M…

Merci Dr Dakar, mais ce n’est pas obligé.

Le médecin du centre parti sans regarder en arrière. Peu importe ce que je pouvais dire, M. Dakar allait suivre la démarche à suivre. J’occupais le lit au fond de l’infirmerie comme à mon habitude. Cette nouvelle visite était due à un malaise lors de l’après-midi. Depuis des mois, mon état s’était détérioré, mais personne n’osait en dire la cause. Moi-même, je n’osais dire à haute-voix la raison de ma pauvre situation. C’était un combat qui se déroulait à deux.

Je m’endormis durant quelques heures avant de me faire réveiller par un nouveau patient. Je me retournai afin de faire face à l’action qui se déroulait à l’entrée. Celui ne se faisait pas mené facilement et le médecin dû lui administrer un calmant. Tout redevint d’un calme éphémère.

Ce silence fut certes de courte durée. Dans la nuit, mon voisin de chambre se réveilla et commença à remuer. Une envie folle me prit de lui lancer mon oreiller, mais je m’y retins. M’assoyant sur le bord de mon lit, je le regardai reprendre connaissance. Je savais que M. Dakar se trouvait dans les bras de Morphée puisqu’une faible lumière provenait de son bureau.

Je fus parcouru d’un frisson lorsque mes pieds touchèrent le plancher de céramique glacial. Je tirai une chaise afin de m’approcher de mon compagnon de chambre d’une nuit. Au premier de ses mouvements, je me redressai afin de l’aider à s’installer.

Doucement. Ne force pas trop. Ils auraient pu endormir un lion avec ce qu’ils t’ont injecté.
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Devon ''Breaker'' Lloyd
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MessageSujet: Re: Noctambule   Noctambule Icon_minitimeSam 30 Oct - 12:46

J’avais paniqué.

Enfermé dans ma chambre depuis des heures, j’en étais finalement sorti malgré ma peur. Peur des autres, peur de ce médecin en chef, mais surtout…des fenêtres. Et avec raison.

La salle commune est cernée par les fenêtres. De grandes fenêtres à barreaux mais toutes des portes vers l’extérieur, vers d’autres mondes, vers l’Enfer d’où provient cette immonde bête qui me suit…Et je l’ai vu. Encore et encore se refléter partout! Il m’observe, me regarde, suit mes moindres gestes pour en dénoncer les erreurs, rire les fautes et se régaler de ma souffrance…

J’ai paniqué.

J’ai rebroussé chemin bien vite mais déjà mon cœur m’annonçait la crise. J’ai tenté de regagner ma chambre mais on me disait que je ne devais pas courir dans le centre. Je…n’avais même pas conscience que je courais. J’ai bousculé une infirmière, elle a crié. Moi aussi. C’est là qu’à plusieurs ils sont venus vers moi. Ces hommes en bleu pâle, ces infirmiers. Ils me parlaient doucement voulaient me calmer. J’ai secoué la tête «non non non», j’ai demandé qu’ils me lâchent. Calmement. Impuissant. Puis…plus férocement. Je les ai écarté de mes bras tremblant. Je me suis senti oppressé, j’allais manquer d’air, je voulais juste respirer! Je perdais mon souffle…et cela m’effrayait.
C’est là que j’en ai vu un s’approcher avec une seringue. J’ai figé. Glacé. J’ai mordu la main la plus près de moi et j’ai fui. Dans la mauvaise direction. Mais comment savoir la bonne?

Je me suis jeté directement dans la gueule du loup. L’infirmerie. Le nid de fourmis travaillantes. Je me suis débattu pour retourner d’où je venais mais il était déjà trop tard. La seringue m’avait rattrapé comme un serpent bondissant sur sa proie. On me tenait le bras. Je ne sais plus trop qui exactement, ma vision était brouillée de larmes et mes plaintes se perdaient dans ma voix qui lentement s’éteignait. Alors est venue la piqûre. Je ne pouvais plus bouger. L’aiguille a mordu ma chair et j’ai cessé de me battre quelques secondes plus tard. Ça m’a donné un coup. Un sacré coup. Comme si on venait de m’aplatir avec une masse. Toute défense m’a abandonné en une fraction de secondes et je me suis effondré, incapable même de me tenir debout. Assommé est le mot juste.

Je pouvais voir leurs sourires à ces sadiques avant de fermer les yeux. Une dernière protestation, un petit «non…» trop faible pour être entendu de leur grandeur. Je crois me rappeler avoir été traîné à un lit. Mais je n’en suis pas très sûr…Chose certaine, c’est un sommeil immensément puissant qui m’a attiré à lui, m’a enfermé dans ses bras de fer ni chaud ni rassurant…mais froid, emprisonnant, plus fort que moi évidemment.

Je ne rêve pas cette fois. Ni rêve ni cauchemar. C’est déjà ça…

J’ouvre les yeux, enfin. Après un long combat pour revenir, j’y parviens. Je reviens mais je ne sais où. Je m’agite et soudain je me relève. Trop vite, je m’écroule, gémissant. Prenant ma tête à deux mains, la pressant pour réprimer l’atroce douleur qui martèle chaque cellule de mon crâne. J’ai l’impression que l’étau se resserre jusqu’à en attendre l’explosion de mon cerveau.

Je sursaute. Il y a soudain quelqu’un à côté de moi. Une voix. J’ouvre à nouveau les yeux et je prends conscience de mon environnement. Je ne suis pas dans ma chambre. Je suis dans une pièce avec des lits, des comptoirs, des étagères aux nombreuses portes verrouillées. Et je ne suis pas seul.

Qui est-ce?

Il a des cheveux bruns, frisottants, un regard sombre, mais invitant. Il n’y a pas d’animosité, pas de domination, pas d’arrière pensée…je me détends. C’est un patient. Une victime, comme moi. Sa voix est douce, rassurante, humaine.

Je l’écoute et je suis son conseil. Mes mains relâchent ma tête engourdie. Je desserre les dents, mon regard est rivé sur lui. Je tente de contrôler ma respiration, de me calmer en effet, pour chasser la douleur. Réduire mes mouvements est en effet une bonne idée. J’ignore toutefois ce qu’ils m’ont donné. «Endormir un lion»? Mais bordel, ils veulent nous tuer!

Il m’aide, m’installe, je parviens à m’asseoir, calé dans mon unique oreiller. Je repousse mes draps trempés de sueur même si j’ai froid.

Je fixe encore mes prunelles sombres sur lui, je le détaille.

«Merci»

Ma voix est rauque, un faible souffle. Je me racle la gorge.

«Qui es-tu?»

J’entends, et je sens, encore le sang battre contre mes tempes, assourdir les bruits autour, les enterrer jusqu’à ma propre voix mais j’engage tout de même la conversation. Je veux savoir. Savoir qui me vient en aide dans cet endroit de fou. Je ne pense plus aux fenêtres, je ne vois que cet homme pas plus vieux que moi. Et la peur m’abandonne.
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MessageSujet: Re: Noctambule   Noctambule Icon_minitimeSam 30 Oct - 16:08

Un anglais ! J’avais enfin affaire à un cousin anglais. La population anglophone au CSHEMAS avait doublé en nombre ces derniers temps. Malgré le fait que tous devait user un anglais au maximum de sa capacité, il était bon d’entendre un « vrai » anglais. Moi, j’avais dû laisser mon jargon australien derrière moi afin de me faire comprendre par tous. Mon brekkie était devenue le petit-déjeuner, je ne suis pas crook mais malade et ma mère n’envoie plus du moolah mais de l’argent. Quoi que je fusse habitué à un langage soutenu à la maison, je ne pouvais m’empêcher d’utiliser le slang de mon pays.

Je le détaillai comme il me détaillait. De mon âge, je pouvais distinguer des cheveux noirs et épars sur sa tête. Des yeux sombres devaient tirés sur le brun. Le faible halo de lumière provenant du bureau du médecin rendait les traits du nouveau patient plus marqués.

Ve voulant pas être indiscret trop longtemps par mon observation, je dévie le regard afin de regarder vers la caméra à l’entrée de l’infirmerie. Il était la nuit, personne ne devait regarder les écrans pour voir ce que faisaient les patients. Je me sentis libre d’y parler.

Je me présente, Aleksis Cole. Ici depuis trop longtemps.

Mon ton était ennuyé. Oui, j’étais au centre depuis trop longtemps.

J’eus un moment d’hésitation avant de lui tendre la main. Regardant une nouvelle fois la caméra, j’hochai la tête, puis la lui tendit. Pas que Devon me répugnait, sinon j’aurais resté dans mon lit, mais il semblait que dans le centre, tout contact et lien d’amitié était fortement interdit. Quoi que ce ne fut pas inscrit dans les règlements.

Pour le mal de tête, car je me doute que tu en as un, ne t’en fait pas. Ça va passer. M. Dâgar va te donner deux aspirines demain matin. Tu te rappelles de ton nom? Si oui, ça va. Ce n’est pas le sédatif le plus fort qu’ils t’ont donné.

Sur cette dernière phrase, j’aurais voulu avoir un ton plus désinvolte. Peine perdue. Ma voix trahissait une amertume indéniable. Oui, ce n’était pas le pire.
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MessageSujet: Re: Noctambule   Noctambule Icon_minitimeMar 28 Déc - 23:06

Il me regarde, je le regarde. Silence. Il me détaille, je crois, à peu près comme je l’ai fait plus tôt. Il semble heureux de m’entendre lui répondre. Je me demande pourquoi. Peut-être s’attendait-il à un mutisme de ma part. Je ne suis pas comme ça. Mensonge. Je suis comme ça. Je suis muet autant que je le peux. Je hais parler pour rien, en dire trop sur moi. Parler ne sert à rien. Parler nous fait enfermer dans des centres pour malades mentaux. Parler n’est pas une bonne chose…

Mais avec lui, je n’ai pas peur. Ce n’est pas un médecin. Ce n’est pas un « adulte ». Je prie pour que cet excès de confiance ne se retourne pas contre moi. Mais, sa voix, son ton, son allure fatiguée me dit qu’il est juste tout aussi prisonnier que moi. Et il ne me semble pas mauvais. J’espère ne pas me tromper.

Au bout d’un moment, le contact visuel est brisé. Il détourne les yeux, peut-être gêné, peut-être suffisamment renseigné sur mon « look ». Je dois avoir piètre allure. Une main que je glisse dans mes cheveux m’apprend le désordre dans lequel ceux-ci se retrouvent. On dirait qu’un ouragan m’est passé sur le corps. D’ailleurs, mes vêtements humides de ma sueur ne font que nourrir davantage cette image dans mon esprit. Et tous ses médecins seraient les vents violents et les marées de cette tempête qui m’a heurté. Qui a heurté mon esprit…

Je suis son regard. Il jette un coup d’œil à un endroit précis de la pièce, vers le plafond, près de la porte de la pièce. Je perce la noirceur de mes yeux, je distingue une forme sombre accrochée au mur. Une caméra sans doute. Le centre doit bien en être truffé.

Maintenant que j’y pense, c’est en l’entendant à nouveau que je constate son accent. Alexis Cole. Il a un bon anglais mais ne vient définitivement pas de ma douce Angleterre. Non, c’est un accent du sud. Je dirais…australien, si je ne m’abuse. J’avais un ami australien…mais cette époque me semble si loin. Quelques semaines se transforment en années soudain…

« Moi c’est Devon Lloyd. »

J’hésite un peu avant d’ajouter :

« Ici depuis cinq heures. »


Bon dieu…cinq heures et je me sens déjà fatigué. Ce doit être le calmant.

Il me tend sa main. Je la fixe un moment. Je le sens regarder à nouveau vers la porte, un peu plus nerveusement. Vers la caméra sûrement. Que craint-il? Qu’arrive-t-il si des patients se parlent? C’est interdit? Tant de choses que j’ignore. Une pointe de peur me gagne. Que devrais-je savoir avant d’en subir les conséquences?

Je prends sa main. Il a semblé plus assuré finalement, après ce coup d’œil. Je lui serre la main. Présentation officielle. Futur possibilité d’amitié nommée Alexis Cole.

Je compte m’informer auprès de lui sur les conditions du centre mais il me devance et prend la parole. Je lâche sa main à ses premiers mots. Alors mon mal de tête va passer? J’espère bien. Me rappeler mon nom? Bien sûr, quelle idée! Ah parce que ce n’est pas le pire? Comme c’est rassurant! Je grimace. Cet endroit n’en finit pas de me dégoûter.

Ses derniers mots semblent empreints d’amertume. Il aurait-il goûté à ce calmant? Je m’abstiens d’en demander davantage. Demeurant calme, je pose toutefois une question cruciale :

« Dis, sans vouloir paraître parano, j’ai remarqué tes regards vers la porte. Il y a une caméra, hein? Qu’arrive-t-il si on nous voit se parler? Que se passe-t-il si des patients sympathisent? Ils nous répriment? »

J’ai dans la voix un mélange de curiosité et de peur. Assez étrange j’en conviens.

Étrange. Tout ce centre est étrange, louche. Peur. Je la repousse mais elle ne disparaît pas. Je ne sais pas ce qui va m’arriver et c’est cet inconnu qui m’effraie. Ce doute, qui me fait fabuler, ce « je ne sais pas » qui n’inspire que le pire. Les mots m’échappent en un murmure sans que je ne puisse les retenir. Je les prononce presque inconsciemment :

« Qu’est-ce qui va m’arriver…? »

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MessageSujet: Re: Noctambule   Noctambule Icon_minitimeVen 21 Jan - 13:01

J’y allais un peu fort. Devon n’était au centre que depuis 5 heures. Son âme était encore pure. Non souillée des nombreuses rencontres avec un psychiatre. Son histoire m’intéressait peu. Il y avait toujours des ressemblances d’une personne à l’autre. Et l’on y retrouvait la plupart du temps des blessures, des morts, du sang et/ou une arrestation. Ça ne valait pas pour tous les cas. Certains des patients étaient de pauvres petits agneaux dépressifs. Cependant, je n’optais pas pour la deuxième version pour Devon. Il devait y avoir eu du sang. Il y avait certainement eu du sang.

Il n’y a malheureusement pas une seule caméra. Il y en a plus d’une centaine. On nous dirait que c’est pour notre sécurité. Balivernes. Mais tu n’as pas à être parano. On s’y fait.

Je ne me sentais certainement pas plus en sécurité à l’idée de savoir que l’on épiait chacun de mes mouvements, à chaque instant de la journée, dans chacune des pièces du centre. Enfin, la présence d’une caméra dans ma salle d’isolement il y a de cela près d’une année déjà, m’aura sauvé la vie, mais sauf cette fois, me faire espionner en permanence ne m’avait que causé plus de problèmes.

Les questions de Devon étaient compréhensibles. Lorsqu’on arrivait dans un nouvel environnement, la première chose à savoir était s’il était sécuritaire. S’il ne représentait aucun danger pour notre personne. Que devais-je dire ? Le rassurer ou le préparer à ce qui lui arriverait ?

Il y a certaines personnes qu’il faut éviter. Tu les connaîtras vite.

Devon apprendra rapidement que qui s’y frotte avec Aleksis Cole, s’y frotte avec le Doc. Il n’était pas obligé de le savoir maintenant. Ce n’était pas à moi de le lui dire.

Parler avec un autre patient est rarement répréhensible. Ils n’interdisent pas les conversations, mais ne les favorisent pas. Évite tout simplement de parler de leur passion. Simple exemple. Ne parle pas de pyromanie à quelqu’un de pyromane. Les conséquences peuvent variées.

Mentir était beaucoup plus facile que de dire la vérité.

Elles ne sont pas si extrêmes que cela.

Je ris intérieurement. Même le plus naïf ne goberait pas ça. Vous êtes enfermé dans un asile au milieu de l’Antarctique. Vous savez qu’il y a un papier dans le bureau du directeur lui permettant de faire ce qu’il veut de vous. Dans une certaine mesure. Ça pourrait être pire. Comme une mère qui achète une place à son fils dans cette dite asile.

Fais ce qu’on te dit et tout ira bien. Ce qu’il va t’arriver dépendra de la façon que tu réagiras.

Je lui tapai doucement sur le bras. Ses pires cauchemars ne seront rien comparés à ce qu’il l’attendait. Encore une fois, il le découvrirait par lui-même.

Un bruit dans le bureau du médecin me fit sursauter. Nous l’entendîmes grommeler dans son sommeil. Une fiole avait dû tomber. Combien de fois restait-il ici toute la nuit ? Il devait avoir préparé le dossier de Devon pour les tests du lendemain. Les premiers papiers d’une longue série.

Conseil d’a… de patient à patient… ne fait confiance à personne ici.
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MessageSujet: Re: Noctambule   Noctambule Icon_minitimeLun 24 Jan - 1:29

J'encaisse les révélations d'Aleksis sur le centre. Après tout, je m'y attendais un peu. Je réprime un frisson à ses paroles quand à la surveillance des lieux. Une centaine de caméras, voire plus. Dans chaque pièce, partout, en tout temps, t'observant...

Je hoche la tête pensivement, rien que pour lui signifier que j'ai bien compris l'ampleur de ses mots.

Eh merde...adieu la vie privée. Je suis un rat. Fait comme un rat, étudié comme un rat et je vais crever comme un rat.

Cet Aleksis me donne l'impression d'un gars qui en a beaucoup trop souffert, qui en a vu des vertes et des pas mûres, et qui s'en est habitué, vaincu, lassé. Ces fameux docteurs pourront-ils me briser? Je commence à craindre que oui. Je secoue la tête. Non, je ne dois pas me laisser abattre. Je leur prouverai qu'ils ont tort de me garder ici. Je vais bien. Je suis seulement en deuil d'un frè-...d'un amou-...de Allan.

Je vais bien. J'irai mieux dans peu de...non, ça ne peut pas aller bien dans un asile! Ça aurait bien été chez moi! Avec mes amis...qui commençaient à me fuir parce que je m'assombrissais à vue d'oeil. Ah...je suis un menteur compulsif...pour reprendre les mots de mon psy. J'aurais presque envie de le revoir, presque envie d'avoir accepté son traitement, presque envie de n'avoir jamais parlé des fenêtres, presque envie d'avoir tout avoué pour Allan...

Mais ils savent. Ils savent sans mes aveux. J'ai été trahi. Par eux...ces maudits yeux. Trahis par mes yeux qui ne savent mentir. Par mes yeux qui voient des horreurs chaque jour se refléter dans les miroirs, et chaque nuit se dissimuler sous mes paupières pour me hanter de plus belle. Ouverts ou clos, mes yeux me pourrissent la vie...me pourrissent de l'intérieur jusqu'à la mort de l'âme. Je sais bien que je ne suis plus le même depuis le départ d'Allan. Et ce ne sont pas des calmants ou des drogues qui me feront aller mieux. Ce ne seront pas des électrochocs ou des bains d'eau glacée qui ramèneront Le Devon Lloyd à la surface de son cauchemar. S'ils croient qu'ils peuvent me ''guérir'' de ma ''folie''...Ha! Je ne suis pas fou. Ils sont fous de me garder ici.

J'esquisse un sourire à Aleksis. Moi? Parano? Jamais voyons! Je vois le mal partout dans tous les reflets que je croise de moi, mais je ne suis pas du tout parano! Je me ferais presque rire...si je savais comment.

Je n'aime pas la façon dont il dit ''On s'y fait''. Je refuse de m'y faire. Je ne veux pas m'habituer à cet endroit. Je veux partir. Je sais, je sais. C'est une pensée naïve, un espoir inatteignable, le rêve de tous les patients...mais c'est pourtant vrai. Jamais je ne m'y ferai. Cet endroit, c'est l'enfer blanc. Qu'ai-je fait pour que Dieu me haïsse à ce point? Pour qu'il me refuse le Paradis? ...Ah...

...I killed. I guess that's enough to be banished from Heaven. I'm a killer...Face it, Dev' , you don't belong on Earth nor in Heaven...where does this lead you? What's left? Hell...

Mon visage s'assombrit, mes yeux traîtres se voilent sûrement de sérieux à mes pensées plus noires. Je serre les poings et souffre soudain à ce mouvement. Mes jointures sont encore endolories. La douleur me ramène à moi et je reprends le fil des paroles d'Aleksis, comme si de rien n'était. Si seulement je pouvais vraiment dire ça...

"Des personnes à éviter? Genre le Doc en chef de la place, je suppose? Tu m'étonnes! Comment t'évites ce mec s'il te suit à la trace pour ''ton propre bien''?''


Ça c'est tout à fait moi. Cassant, sarcastique. Je décide soudain de fermer ma gueule. Mon but n'est pas de me faire détester à la première rencontre...mais je préfère tellement rester seul. C'est plus prudent. Et puis, moins exigeant. Pas besoin de parler. Pas besoin de mentir. Pas besoin de cacher ses faiblesses si on évite les gens.

Aleksis, tu es sympa mais...pour ton bien et surtout le mien, je vais fermer ma gueule. Et en rester là.

Et pourtant il continue. Il en a à dire lui. Ce n'est pas un ''antisocial'' comme moi. Je le laisse parler. J'en ai rien à faire. Je peux très bien ne pas l'écouter. Me voilà à nouveau froid et distant. L'effet des calmants se dissipe. Ma personnalité ressort. Je me sens plus en contrôle de mes pensées, c'est la levée du brouillard. Celui qui couvrait mon esprit, embrumait ma tête.

Pour moi le ''Évite tout simplement de parler de leur passion'' se transforme en ''Évite tout simplement de parler''. Point barre.

Je n'ajoute rien à ces mots. J'avais envie de dire ''Ça va, je suis pas con! Parler de flamme à un pyromane, c'est comme parler de whisky à un alcoolique en sevrage!'' mais j'ai tenu ma langue. De toute façon, les mots, c'est pas mon fort. Ça aurait sorti brusquement, dur, méchant, gratuit.

Je ne suis pas méchant. J'aime le silence, c'est tout. Je parle pas beaucoup, c'est tout. Je me protège, c'est tout.

Au ''elles ne sont pas si extrêmes que ça'', je le regarde de travers. Je ne peux m'empêcher de murmurer haineusement un ''Ben voyons!'' horriblement insolent. Cette fois, il me prenait vraiment pour un idiot et je ne trouvais pas ça drôle. Ce centre est le plus drastique du monde et les conséquences ne sont pas si extrêmes? Laisse-moi rire! C'est écrit sur le putain de papier: le centre n'est pas responsable et bla bla bla. Mes parents me l'ont lu -ma mère avait la voix qui tremblait alors elle a laissé mon père finir la lecture- puis mon psy me l'a lu juste avant mon transfert. Je connais les closes. Je sais ce que ça implique, ce que ça sous-entend, ce qui m'attend. N'importe quelle méthode sera utilisée pour percer le mystère enfoui dans mon crâne. Qu'importe ce qu'il en coûtera, le prix est superflu. Le résultat prime. Ici, la charte des droits de universels ne tient plus. Ici, c'est l'Antarctique, le désert blanc, l'Enfer avec pour Diable le Docteur Clarence Millet.

Ici, si je meurs, on s'en fout.

Ou alors on pleure. Parce que je n'aurai pas vécu plus longtemps pour passer encore sous leurs mains de sadiques manipulateurs de l'esprit.

Je ne suis pas bête. Je sais ce que c'est un asile. Je sais ce qu'est le CSHEMAS. Je lisais les nouvelles lorsqu'elles parlaient de sa fondation. L'ambition de Millet nous perdra tous.

J'aurais éclaté de rire à son ''fais ce qu'on te dit et tout ira bien''. Sérieusement. Je crois qu'en certaines rares occasions, il m'est possible de rire. Un rire mauvais. Comme ça aurait été le cas suite à cette phrase. Faire ce qu'on me dit? TOUT ira bien? C'est une plaisanterie. Une grossière plaisanterie. De très mauvais goût d'ailleurs. C'est amusant, très amusant comment j'ai tendance à faire ce qui m'est interdit, juste parce qu'on vient de me dire de ne pas le faire. Certains appellent ça ''l'adolescence''...pfff...pourtant, je reprends vite mon sérieux. Je sens que l'enjeu est important et que pour une fois, m'assagir n'est pas foncièrement une mauvaise idée.

Je frissonne à son contact. Je réprime un mouvement de recul. Je n'apprécie pas trop qu'il me touche, même par compassion, surtout par compassion. Je hais la compassion.

Je détourne le regard, seulement pour me retrouver à nouveau à porter les yeux vers lui lorsqu'il sursaute. Je fais le saut avec lui et braque mon regard sur la porte de la pièce d'à côté. Là d'où vient la petite lumière sous le cadre de porte. Le bureau d'un des docteurs de la place. Je fige, mon sang se glace dans mes veines. Un moment s'écoule.

Mon coeur affolé par le bruit commence à se calmer plus le silence s'installe. Je soupire. Lève à nouveau les yeux vers Aleksis.

Il a faille dire ''conseil d'ami''...tsss...pas si vite avec ton ''ami''...ah voilà...''patient'' c'est déjà plus fidèle à la situation. D'façon, je pense pas que les ''amis'' servent à grand chose ici...


''T'en fais pas, c'était pas mon intention...''

Je brise le silence pour ces quelques mots. Ça en vaut la peine. Juste pour lui signifier que je serai pas prêt de me croire à l'aise ici et copiner parmi les internés. C'est chacun pour soi, individualiste, un survival.

Avant de reprendre mon mutisme, je veux m'assurer d'un point important. Lui qui est là depuis longtemps, doit savoir, doit connaitre le centre.

''Juste une chose: y a-t-il beaucoup de fenêtres ici?''

Inconsciemment, ma main se porte à mes lèvres, mes ongles glissent sous mes dents alors que j'entame de ronger mon majeur.

Ma question va sûrement lui paraître étrange mais elle est cruciale pour moi. Combien de pièces me seront inconfortables? Combien de pièces m'incommoderont? M'empoisonneront la vie?

I miss my room with my one and only window...that I broke...that I got rid of...

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