John rampait sous les tables, les mains chargées de brocollis un peu écrasés.

Les ingénieurs avaient découvert le secret de l'immortalité, il s'agissait de ne jamais grandir dans leur tête. De fait, John était resté un habitué des batailles à base de projectiles plus ou moins exotiques. Il n'avait cependant jamais été très bon au lancer, préférant largement à ce rôle celui de ramasseur de balles. En l'occurrence, les balles dégageaient une odeur répugnante, mais c'était un détail accessoire. Le plus important était qu'il lui fallait un artilleur. Mais à qui se fier dans ce lieu fou ?

Il regarda à gauche, à droite, cherchant quelqu'un à gauche ou à droite qui lui semblait en mesure de correspondre à ce critère. C'est alors qu'une poignée de chose verdâtre s'écrasa sur un surveillant avec une précision digne d'éloges. John refit le trajet en sens inverse et repéra Aleksis facilement.

Toi, j'te veux avec moi !

Rampant rapidement, John s'approcha du bonhomme et lui tendit une poignée d'un air amical.

"Hep ! Toi ! Un peu de gastronomie ballistique ?"

Je n'étais pas le seul sous la table. Plusieurs autres patients s'y étaient réfugiés. Un homme, qui devait avoir environ deux fois mon âge se dirigea vers moi. Au départ, je regardai sa main sans comprendre. Puis, un large sourire éclaira mon visage. Il allait être mon second. Je pris la poignée qu'il avait dans la main.

Ma sortie fut difficile. Les rangs de l'ennemi c'étaient rapprochés de notre position. Si nous voulions nous en sortir à bon compte, il faudrait faire un déplacement faire la droite. Après avoir regarder le champ de bataille, je retournai sous la table. On pouvait presque l'appeler notre base générale. Je lui fit un salut militaire, avant d'éclater de rire. Enfin, je lui tendit la main pour serrer la sienne.

Sergent Aleksis au rapport. Cible atteint mon général. Nous avons le temps de faire une dernière attaque avant de devoir faire un replis vers la droite.

Je remarquai que j'étais touché. Sur mon épaule, il y avait une tâche de spaghetti. Elle ressortait sur le fond blanc de mon gilet. Puis, une main apparut sous la table. Une main ferme, prête à attraper quiconque offrirait une certaine résistence. Je me précipitai le plus loin possible. Attrapant mon compagnon par le gilet, je le poussai vers l'avant.

Replis! Replis!

[Désolée, c'est un peu court]

Eh m...

Le croate s'écarta en direction d'un coin de la salle isolé, ramassant sur son passage des munitions ça et là, qui faisait passer à son artilleur. La main fouettait l'air ça et là, et en redressant les yeux, John s'aperçut qu'elle appartenait à un membre du personnel soignant qu'il ne savait identifier.

"Zut, on est tombé sur les casques bleus..."

Toutefois, la main se dirigeait au hasard, il s'en rendit compte rapidement : la personne ne pouvait nettement voir sous la table sans se baisser, ce qu'elle ne tenait pas à faire (sans doute par peur d'être arrosée de tir ou submergée).
Toutefois, elle comprit rapidement qu'il n'y avait plus personne, et la personne entreprit avec un regard circulaire de chercher ce qui se passait sous les tables avoisinantes, à portée de son regard, et avisa la nouvelle planque du contingent, avant de s'y diriger.

"Sergent, visez-moi les pieds de ce bonhomme ! Graissez le sol ! C'est classique mais on ne s'y attend jamais..."

C'était du délire. Les barrières mentales des patients craquaient allègrement, laissant paraître au grand jour toute la frustration accumulée. L'un dans l'autre, le personnel avait de la chance que la violence soit exorcisée avec des pâtes et des brocolis, plutôt qu'avec des pieds de chaises. Mais combien allaient se faire cette réflexion ?...

Le réfectoire était donc le terrain d'un splendide bazar, absolument inextricable, composé pêle-mêle d'exercices de balistique et d'interjections diverses. En somme, le terrain idéal pour camoufler une attaque précise…

Accroupie derrière le dossier d'une chaise renversée, Stella observait le spectacle avec suspicion. Jusqu'alors les tirs ne l'avaient pas atteinte, mais l'arrivée du personnel soignant, avec l'intention manifeste de réprimer le soulèvement par tous moyens jugés efficaces, lui paraissait on ne peut plus suspecte. C'était trop téléphoné. Comme si quelqu'un avait prévu le débordement. De là à croire que quelqu'un avait organisé l'évènement, il n'y avait qu'un pas, que la jeune femme avait allègrement franchi depuis déjà quelques minutes. L'objectif d'une telle manœuvre ? Créer de toutes pièces une excuse crédible pour justifier la violence du personnel.

Quelqu'un lui voulait du mal. Et passait à l'action.

Dans une montée de rage, Stella saisit une assiette en arcopal sur la table la plus proche. Marre de subir. Marre de se cacher, marre de chercher à trouver les yeux qui l'espionnaient !

Avec un mouvement digne d'un discobole antique, Stella lança l'assiette comme un frisbee. Sur sa trajectoire ? Un surveillant, bien sûr…

Oui mon général.

J'oubéis à l'ordre. Attrapant un mélange proche de moi, je le lancer sous les pieds de l'ennemi. Le plan fonctionna à merveille. Je vus une assiette tomber juste à côté de notre adversaire. Je sortis la tête pour voir qui venait de lancer ce nouveau projectil.

Général, nous pourrions avoir un nouvel allié à 4 heure de notre position.

Je fis une sortie pour me diriger vers une nouvelle rangé de table et me rapprocher de notre future soeur d'arme. Alors que je me redressais pour lancer une autre poigné de nourriture, je fus touché en plein visage. Le temps que je m'arrête pour enlevai le «sang/patate» dans mon cou, je fus attrapé par derrière.

GÉNÉRAL, je suis touché. L'ennemi me tient. GÉNÉRAL sauvez votre peau.

Ah non ! Pas question d'abandonner mes alliés !

John regarda à gauche, à droite, et avisa la présence de la personne qui tenait son compagnon de régiment.

Il fallait agir.

Vite.

"YAAAAAAAAAAAAH !!!"

D'un bond, John sauta par-dessus la table, attrapa les mains de l'assaillant, le jeta à terre par surprise, et lui jeta du brocollis au visage pour l'aveugler

"Fuyons, vite ! Ce stratagème ne tiendra pas bien longtemps !"

Et John sauta par-dessus la table dans l'autre sens et se mit à courir vers le fond de la cantine... A la recherche d'une sécurité relative. C'est alors qu'une assiette s'écrasa sur son visage, le faisant tomber à la renverse, faisant de lui une cible idéale.

[Bon sang, ça tournerait presque à la Choucroute de Cauchy cette histoire O.O"]

Abri trop précaire. Stella chercha du regard une quelconque position offrant une protection supérieure à celle de son dossier de chaise, esquivant au passage un brocoli à la trajectoire peu définie. Son projectile n'avait pas atteint sa cible, car d'autres patients avaient sélectionné le même objectif qu'elle. Et manque de chance elle semblait avoir été repérée par les sus-dits patients…

Sa main tâtonna sur la table. Voila, une autre assiette… Heureusement qu'elle n'était pas restée dans le coin où elle dînait avant le début des hostilités, sans quoi elle n'aurait eu pour munition qu'une unique assiette -et éventuellement un morceau de pain, un yaourt et deux sachets de sucre.

La jeune femme se pencha pour jeter un coup d'œil sur les deux patients qui semblaient l'avoir repérée. De fait, seul l'un d'entre eux l'avait effectivement regardée, mais cela ne voulait rien dire. Elle l'avait vu communiquer avec son compagnon. Et celui-ci, après une manœuvre à l'encontre du personnel, se dirigeait droit vers elle !

Frisbee, deuxième prise…

Et cette fois, coup au but. L'homme s'effondra au milieu du passage.

Stella quitta sa chaise et, rasant le mur, partit se terrer sous une table encore garnie. Il lui fallait des munitions, et repérer ses ennemis parmi tous les leurres qui encombraient la cafétéria.