Asilum
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 Fin (privé)

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Karel Stamenkovic
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Karel Stamenkovic

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MessageSujet: Fin (privé)   Fin (privé) Icon_minitimeLun 31 Jan - 22:57

Isolation: PSYCH. Mécanisme de défense qui consiste en la rupture des liens associatifs existant entre une représentation ou un acte et son affect.

Ennui. La meilleure solution est encore la fatigue. Omniprésente. Ne dors jamais vraiment, ne sois jamais vraiment éveillé. Ne rêve jamais vraiment, et tout deviendra étrangement irréel. Tolérablement irréel.

A demi affalé contre un mur, dans la pénombre, il ne pensait à rien. Stupeur. Son cerveau était comme un ordinateur dont de larges zones se retrouvaient isolées, en quarantaine, comme lui-même l’avait été de la société pour la sécurité des autres. L’infection se propageait peu à peu, sans qu’il sache, sans qu’il puisse savoir de quelle infection il s’agissait, ni même qu’il était infecté. Des fichiers disparaissaient. Ça ne l’inquiétait pas. Juste maintenant, rien ne l’inquiétait. C’était tout l’avantage de la stupeur et de l’apathie complète. Ce qui se trouvait juste de l’autre côté de cette frontière mentale, ce dont son instinct de survie tentait avec une obstination presqu’admirable de le préserver, comme s’il y avait encore quoi que ce soit qui valut une tentative de sauvetage dans la triste personne de Karel Stamenkovic, cette idée, qui, il le sentait à travers la mince paroi de son subconscient, le minait, ne semblait en fait pas le concerner du tout. Peut-être était-ce simplement comme ça qu’on se sentait quand on avait abandonné. C’était reposant, d’une certaine manière. Il n’avait qu’à laisser ce qui voulait encore se battre en lui se battre tranquillement le tant qu’il faudrait et d’une manière ou d’une autre, tôt ou tard, ce serait fini. Qu’importait l’issu. Il finirait ces jours ici, dans sa chambre, ou dans la cafétéria, ou dans un coin de la bibliothèque. Dans le bureau du doc s’il était moins fortuné. Il le savait depuis son entrée au centre. Ce n’était pas une pensée agréable, certes, mais il n’avait même pas l’énergie en ce moment pour un frisson d’horreur. Un peu de sommeil ne lui ferait pas de mal.

La vérité était que à ce moment, une bonne partie de cette paix qu’il savourait venait d’un sentiment vague et qu’il s’abstenait entièrement d’examiner, que ladite fin viendrait sans doute plus tôt que tard. Beaucoup plus tôt.
Le processus était enclenché depuis longtemps. Il aurait pu se demander si les autres le voyaient sur lui comme lui-même l’avait senti sur d’autres patients. Cette impression de conclusion funeste et imminente qui suit un lent et long dépérissement, lorsque tous savent d’un coup d’oeil qu’un certain point a été dépassé et que toute idée d’amélioration disparait tacitement. Ce point de non-retour à partir duquel l’issu semble se présenter d’elle-même et tout y mène. Mais il ne se le demandait pas. Il se laissait mener.

Il laissa son corps glisser entièrement le long du mur jusqu’à se retrouver sur le dos, le cou dans une position inconfortable qui lui convenait parfaitement. Il avait une vue imprenable du plafond. Dans la semi-obscurité, il pouvait comporter les grains et les imperfections parsemants le béton peint, jusqu’à la frontière où l’ombre les avalait. Le temps passait sans qu’il eut besoin de l’aider en rien.
Je dois être le seul patient à se reposer volontairement dans une salle d’isolement, pensa-t-il. Un vrai taré. Il eut presque la force d’esquisser un sourire.

Il avait erré jusqu’ici, il n’aurait pas pu retrouver aucun souvenir précis des pas qui l’avaient mené à cette cellule précisément. Un endroit comme un autre, calme. Personne n’y était enfermé pour le moment, les gardes n’étaient jamais loin mais pour l’instant l’endroit était désert. Il avait laissé la porte entrebâillée, n’allant pas jusqu’à s’enfermer complètement dans l’obscurité. Porte qui se mit à bouger avec un grincement discret sous la poussée d’un inconnu.
L’apathie du Croate se dissipa tranquillement. Il se redressa à demi, à regret. Le dernier calme avant la tempête venait de prendre fin.

[Entre Jimmy]
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Jimmy Purter
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MessageSujet: Re: Fin (privé)   Fin (privé) Icon_minitimeMar 15 Fév - 13:35

Du bruit, du bruit. Tant de bruit. Un bruit insupportable. Tout simplement insupportable. Même pour un enfant, il arrive parfois que le bruit soit insupportable. Et dans ces moments, il n'y avait qu'une échappatoire. Fuir. Fuir ce bruit insupportable. Le fuir pour de bon. Le fuit, et partir. Partir loin. Loin de ce bruit. De ce mouvement.

Inertie du corps. Calme de l'esprit. Voilà ce que chaque personne recherche un jour ou l'autre au cours de sa vie. Un homme d'affaire vous dira que lui arrive à s'y faire à ce train de vie si contraignant, où il ne fait que courir, mais au fond de lui, vous savez bien qu'il ment. Qu'il n'a qu'une envie, celle de s'allonger, et de se laisser aller à ses rêveries solitaires. Un professeur vous dira qu'il adore donner des cours à ses élèves, mais vous savez très bien qu'il ment, qu'il n'a qu'une envie. De se laisser aller à l'inertie de son corps et au calme de son esprit. Un enfant vous dira qu'il est heureux. Mais au fond de son petit cœur, il a aussi parfois envie de se coucher, de dormir quelques minutes, de poser ses petites fesses sur une chaise pour respirer un instant avant de repartir dans la course continuelle du temps.

On aurait pu croire que c'était dans ce but que Jimmy était venu ce jour-là dans les salles d'isolement. Pour s'assoir. Pour respirer. Pour fuir le bruit. Pour se laisser aller à l'inertie de son corps et au calme de son esprit. On aurait pu croire à son air de grand enfant débraillé qu'il n'avait pas assez dormi cette nuit-là. On aurait pu croire qu'il voulait s'isoler. On aurait pu croire...

Mais ce n'était pas le cas. Pourquoi il était venu à cet endroit précis, à ce moment précis? Aucune idée. Toujours est-il qu'il était là. Faut-il réellement chercher une raison à sa présence? Si réellement vous en voulez une, je dirais que c'était à la fois dû au hasard, au destin, à la fatalité et à ses errements continuels dans le centre à la recherche de sa mère. Un peu de tout cela surement. Si vous ne voulez pas de raison, je dirai qu'il devait se trouver là à ce moment-là. Et c'est pour ça qu'il était là. Pour accomplir son destin.

Jimmy lui, était bien loin de ces considérations métaphysiques. Il ne se demandait pas pourquoi il était là. Mais peut-être que sa mère était derrière cette porte. Peut-être. Une grande porte, toute blanche. Une grande porte qu'il n'avait jamais vu. Qu'y avait-il derrière? Une porte blanche. Le blanc de la pureté. Il ne pouvait qu'y avoir des choses biens derrière. Il s'approcha doucement. Une peur soudaine le prit à la gorge, alors qu'il allait pousser la porte. Il chanta une petite chanson pour se donner du courage.

« - ♪ Ainsi font, font, font,
Les petites marionnettes,
Ainsi font, font, font,
Trois p'tits tours et puis s'en vont. ♪ »


Jimmy déglutit bruyamment puis poussa la porte en se chantant la suite de la chanson à mi-voix.

« - ♪ Les mains aux côtés,
Sautez, sautez, marionnettes,
Les mains aux côtés,
Marionnettes, recommencez. ♪ »


Une fois la porte ouverte, il vit une personne dans la pièce, qui était très sombre. Une silhouette à moitié allongée par terre. Il hésita un moment. Une chose était sure, ce n'était pas sa maman. C'était un homme. La silhouette lui disait quelque chose. Il entra, confiant. Si il connaissait la silhouette, cela devait être quelqu'un de bien, parce que toutes les personnes qu'il connaissait étaient des gens biens. Une seule chose l'inquiétait: il ne voyait pas la personne bouger. Peut-être qu'elle était partie au ciel comme sa taty Delphine. Sa taty était partie au ciel lui avait dit sa maman. C'était il y a pas longtemps. Et depuis cousin Albert et cousine Berthe était sans maman. Ils avaient juste leurs papas.

Lui n'avait plus rien. Il ne trouvait plus sa maman, et il ne trouvait plus son papa non plus. Tous avaient disparus. Il se demanda si sa maman était partie au ciel elle aussi. Et c'est pour ça qu'il était là, parce que personne ne voulait l'emmener au ciel lui aussi. Peut-être que la personne qui était là pourrait l'emmener avec elle si elle partait au ciel. Les larmes lui montèrent aux yeux. Sa maman au ciel. Cela voulait dire que jamais il ne la reverrait. Sauf si le monsieur couché l'emmenait avec lui.

Il alla s'assoir à côté de lui. Son lapin était dans ses bras. Lui aussi il l'emmènerait au ciel avec lui si le monsieur avec lui. Jimmy venait d'ailleurs de reconnaître la personne couchée; il s'agissait du monsieur qui l'avait aidé à chercher sa maman et qu'il avait mordu. Il s'en rappelait parfaitement. Ce monsieur lui avait toujours fait peur parce qu'il était méchant avec son lapin. Mais c'était le seul qui était dans la pièce et le seul qui pourrait peut-être lui dire si sa maman était au ciel. Et si le monsieur ne bougeait plus, parce qu'il partait au ciel, peut-être qu'il pourrait l'emmener avec lui, pour rejoindre sa maman.

« -Dis monsieur, tu sais si ma maman elle est au ciel? Toi aussi tu vas aller au ciel parce que tu bouges plus là? Si tu vas au ciel, tu peux m'emmener au ciel avec toi? Mon papa il m'a toujours dit qu'il y avait plusieurs ciels. Tu m'y emmènes hein? J'aime le chiffre 7. tu m'emmènerais au septième ciel hein? Si tu y vas, tu m'y emmènes? Si ma maman est au ciel elle doit être dans le septième alors je veux aller au septième ciel aussi... hein monsieur Stamotruc! T'es mort? Ou tu dors? »


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Karel Stamenkovic
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MessageSujet: Re: Fin (privé)   Fin (privé) Icon_minitimeMer 16 Fév - 23:06

Une voix d’enfant, grave comme celle d’un homme, chantonnant une comptine flotta, incongrue, dans l’obscurité. Karel ne bougea pas. Il savait pourquoi l’enfant chantait. Il avait peur. Du noir, sans doute. Des ténèbres. Ce n’était pas la place d’un enfant, dans l’obscurité.
Pourquoi un enfant s’enfoncerait-il volontairement dans l’obscurité?
La chanson se rapprochait. Un enfant poussa la porte, grand comme un homme. Karel sentait la vibration de ses pas qui venaient vers lui, timidement, craintivement. Lourds. Légers. Difficile à dire.
Les pas s’arrêtèrent. Près de lui. Il entendait le souffle d’une respiration enfantine, il la devinait, ou l’imaginait, fraiche. Au-dessus de lui. Un peu trop haut. Un peu trop rapide. L’enfant avait peur. Ce n’était pas un endroit pour un enfant.
Mais peut-être tout ça n’était-il que son imagination. Du début à la fin. Une divagation de son cerveau. Une présence, un ange venu le prendre par la main, enfin. Peut-être y avait-il cette petite compensation, cette récompense quand c’était presque fini. De ne pas être seul, si seulement dans sa tête.
Allez savoir.
Très lentement, Karel entre-ouvrit les yeux. Il y avait bien une silhouette là, qui attendait, dans une sorte d’indécision, d’hésitation craintive. Il n’était pas difficile d’imaginer ce qu’il pensait. L’ombre serrait dans ses mains une peluche, un lapin râpé. Karel, qui avait déjà reconnu l’intrus, en aurait presque souri.

« …hein monsieur Stamotruc! T'es mort? Ou tu dors? »

Une voix d’homme, une voix d’enfant. Un enfant plus grand que lui. Un homme plus pur que lui.

« Bonjour Jimmy

Difficile de différencier la forme et le contenu. Qu’est-ce qui est quoi… lequel des deux compte? Lequel est la vérité? L’un attire, l’autre excuse…
Peut-être.
Ou juste son cerveau. Une dernière vision. Une dernière présence.
Est-ce que c’est mal?
C’est toujours mal.
Mais non… je ne veux rien de mal, moi… juste ne pas être seul maintenant. Juste un petit moment. Je ne demanderai rien d’autre, mon dieu, je le promets. Je ne demande rien.

Les mots de l’homme-enfant restèrent en suspens dans l’air, qui se creusait vertigineusement autour du corps de Karel. Les yeux clos, un vide infini qui se refermait sur son corps maigre contrastant avec cette présence qui irradiait.

Karel ne dit rien.

« Apelle-moi Karel, d’accord? »

Puis du silence. L’enfant devait être perdu. Il faisait noir.

« D’accord.
Tu n’as qu’à te coucher près de moi.
Puis, ferme les yeux. On peut aller au ciel ensemble si tu veux…

Tu me fais confiance Jimmy?
»


Karel ne bougea pas. Légèrement, il tremblait.


NDA: [Mouhahahahahahaha]
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Jimmy Purter
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MessageSujet: Re: Fin (privé)   Fin (privé) Icon_minitimeLun 21 Fév - 13:17

Bonjour Jimmy!


Stamotruc l'avait donc reconnu. Cela l'étonnait, vu la manière dont il s'était comporté avec lui la dernière fois. La main sur la bouche, la morsure, tout lui revint en mémoire. Peu importait après tout. C'était il y a si longtemps. Les enfants ont le don d'oublier les rancunes tenaces, les disputes, les mésententes. Jimmy était de cette espèce. De l'espèce de ceux qui oublient tout. Vite. Rien ne s'était passé. Ou si, mais c'était il y a si longtemps. Peu lui importait maintenant ce qui s'était passé à l'époque. Stamotruc l'avait reconnu. Le reste n'était pas important. Jimmy se sentit important: quelqu'un le reconnaissait ici. Une fierté digne et calme. Une fierté calme et excitante. Jimmy était heureux. Il avait envie de sauter dans les bras de ce Stamotruc simplement pour le remercier de l'avoir reconnu. Depuis qu'il était arrivé ici peu de personnes lui avaient montré de l'intérêt, et lui avait tant besoin da'ffection. Alors un geste, une parole, tout prenait des dimensions énormes pour lui. Luna, cette jeune femme qui avait dansé devant lui. Ethan, ce gentil monsieur qui avait disparu du jour au lendemain sans donné de nouvelles. Et maintenant, ce Stamotruc, qui ne lui avait pas inspiré confiance au départ. Mais c'était si loin. Et il se sentait si seul. Et là, cet homme le reconnaissait. Peut-être qu'il comprenait ce dont les enfants ont besoin: un peu de considérations dans ce monde d'adultes. En plus il était encore jeune même s'il était déjà vieux.


Karel. Karel, oui son prénom. Ce prénom que Jimmy n'arrivait pas à retenir. Karel. Cela sonnait si étrange à l'oreille de Jimmy. Un prénom unique. Un prénom étranger. Qui était Karel? D'où venait-il? Peut-être qu'il venait du ciel... un ange dans ce cas? Oui Karel pouvait très bien être un prénom d'ange. En plus, il avait un visage angélique. Jimmy ne savait plus pourquoi ils s'étaient disputé quelques jours auparavant. Quelques jours? Quelques semaines? Quelques mois? Il ne savait plus. Il n'en avait plus aucune idée. Et puis, ça n'avait aucune importance. Aucune. Le silence. Le silence oppressant. Le silence si … silencieux.


Karel parla encore. Une voix douce. Une voix de confiance. Jimmy lui faisait confiance. Sa voix, cette voix. Si grave, si douce. Une voix à laquelle on faisait confiance directement. Une voix si angélique. Un homme? Un ange? Karel lui proposa d'aller au ciel avec lui, comme il lui avait demandé. Cet homme était donc un ange. Cet ange était donc un homme. Karel. Ange. Silence. Noir. Ciel.
Des mots tournaient dans l'esprit de Jimmy. Il ne disait pas un mot. Karel lui demanda s'il lui faisait confiance. Faire confiance? A un ange? Quelle question?


« -Tu sais Stamotruc, t'es un peu comme un ange si tu sais aller au ciel, et les anges on leur fait confiance, nan? Alors moi oui je te fais confiance. Oui oui je te fais confiance Karel. »


Ça y est, son prénom était sorti, il avait réussi à le dire. Jimmy ne se rendait pas compte de l'agitation intérieure de Karel. Le piège se refermait sur lui, sans qu'il s'en rende compte. S'allonger? Pourquoi pas, ça devait être pour prendre son envol. Et puis Karel devait savoir comment s'y prendre. Ça lui faisait bizarre de se coucher à côté d'un adulte, sa mère lui interdisait de dormir dans son lit depuis longtemps, en disant qu'il était un grand maintenant. Karel lui, ne lui interdisait pas. C'était gentil de sa part. Karel cherchait à le mettre en confiance, après tout lui n'était jamais allé au ciel. Au septième ciel.
Jimmy s'allongea à côté de Karel, juste à côté, le flanc contre celui de Karel. Il hésita un moment. Comment ça allait se passer? Le ciel, il ne connaissait pas. Il eut peur soudain. Après tout, il ne connaissait pas Karel, et il ne connaissait pas le ciel. Il n'arrivait pas à fermer les yeux comme Karel lui avait demandé. Il n'osait pas dire à Karel qu'il avait peur. Celui-ci ne comprendrait pas et risquait d'être fâché qu'il ait peur, peut-être qu'il penserait que Jimmy ne lui faisait pas confiance. Et ça Jimmy ne le voulait pas. Il faisait confiance à Karel. Il lui faisait confiance. Entièrement confiance.
Il se força à fermer les yeux, mais les rouvrit tout de suite, et se mit à parler pour masquer sa peur. Il les rouvrit tout de suite.


« -Dis Karel, c'est comment le ciel, j'ai peur de pas savoir voler moi, comment tu fais pour voler? Tu me lâcheras pas quand on sera au ciel hein? Je saurais pas voler tout seul moi, alors faut pas que tu me lâches. Dis je suis bien couché là? Je suis pas trop près? Pas trop loin? Faut que tu me dises comment faire, hein, parce que moi je sais pas comment on fait! On ferme les yeux et ensuite? Je dois fermer les yeux aussi? Hein, je dois fermer les yeux? Tu sais ma maman elle voulait plus que je dorme avec elle, parce que je suis trop grand elle disait. Mais je suis encore un petit enfant, hein Karel? Hein je suis encore un petit enfant hein? Alors je peux être couché à côté d'un adulte comme toi, hein? Je peux dis? »


Il marqua une pause, avant de se rendre compte qu'il parlait trop. Il fallait surement du calme pour aller au ciel. Il posa une dernière question:


« -Je dois encore m'approcher de toi? Je suis pas trop loin? Tu me dis hein! Parce que si il faut je m'approche encore, hein! Je te fais confiance Karel. Je te fais entièrement confiance. La preuve je ferme même les yeux... »


Jimmy s'était calmé de lui-même en parlant, et il venait de fermer les yeux. Un sourire éclaira son visage. Il allait monter au ciel. Au septième ciel. Il avait tellement hâte. Karel savait s'y prendre, il lui faisait confiance. Entièrement confiance...


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Karel Stamenkovic
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MessageSujet: Re: Fin (privé)   Fin (privé) Icon_minitimeMar 15 Mar - 17:16

Oh bon Dieu…Karel crut un instant que la boule de sentiments qui avait commencé comme un tumulte dans sa poitrine et bloquait à présent sa gorge allait avoir raison de sa respiration. Il imita Jimmy et ferma les yeux bien fort. Il parvint à se maitriser suffisamment pour inspirer mais la conscience hallucinante de la présence d’un autre être humain juste là, à quelques centimètres de sa peau ne disparaissait pas. Sa peau… Ses sens aiguisés à l’extrême, par un mélange ancien de faim, de maladie et de solitude, percevait Jimmy avec une intensité étourdissante. Son odeur. Sa chaleur. Le plus petit bruissement de se vêtements était assourdissant.
Prudemment, il ouvrit les yeux, espérant que la tête arrêterait de lui tourner, et roula sur le côté pour faire face à Jimmy. Il n’avait que vaguement enregistré le babillage de l’homme enfant mais peu importait.

Jimmy… murmura-t-il, presque sans en avoir conscience.

Le jeune homme avait les yeux fermés. Son visage n’était pas celui d’un enfant, c’était celui d’un homme, les traits matures, les joues couvertes d’une légère barbe… Karel se raccrocha à ces détails et à la légère tristesse qu’ils lui inspiraient pour revenir à un semblant de raison. Un homme… Jimmy n’était qu’un enfant dans sa tête. Et lui, Karel, ne reverrait jamais plus un vrai visage d’enfant…
Un mélange de tendresse pour le petit garçon qui n’avait jamais pu grandir et de pitié pour lui-même le fit grimacer contre les larmes.

Il tendit la main et toucha légèrement le bras du jeune homme étendu. Assez pour sentir la fermeté de la peau et des muscles dessous… Tiède. Il laissa sa main reposé là, absorbant la chaleur humaine comme un miracle.

C’était comme regarder un objet lorsqu’on est très fatigué. S’il focusait son regard, il voyait clairement que ce patient était un homme fait dans la vingtaine, plus grand et plus fort que lui-même… mais il suffisait de relâcher légèrement sa volonté et sa prise sur la réalité glissait… l’innocence de l’expression prenait le pas sur les traits, les mots prononcés sur le timbre de la voix et il voyait l’enfant se superposer à l’homme, l’éclipser.
Et il était fatigué, il était tellement, tellement fatigué...

-Un peu plus près, Jimmy, murmura-t-il, mais ce fut lui qui s’approcha jusqu’à ce que chaque partie de son corps ne soit séparée que par un petit centimètre de celle du corps de l’autre. Serre-moi, Jimmy, serre-moi fort… on va s’envoler… Ne me lâche pas, quoi qu’il arrive.

Puis, doucement, il approcha son visage de celui de l’autre jusqu’à ce que leurs fronts se touchent et qu’il sente son souffle chaud sur ses joues. Il se contenta d’observer les traits crispés par la peur et de baigner dans son propre épuisement et dans la chaleur enfantine de ce corps, constatant comme elle creusait le sien avec une faim, un vide et une fragilité terrible… mais il ne bougea pas, il absorba la présence du faux petit garçon… il l’absorba sans bouger le plus longtemps qu’il le put jusqu’à ce que le vide en lui, entre eux, soit le plus fort.

-Ouvre les yeux, murmura-t-il très doucement.
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MessageSujet: Re: Fin (privé)   Fin (privé) Icon_minitimeJeu 21 Avr - 11:53

*Le ciel... je vais voir le ciel...*


Jimmy était tellement heureux de pouvoir se rendre au ciel qu'il ne se rendait pas compte que Karel se rapprochait de lui petit à petit. Il ne le sentit pas s'approcher tellement il était excité d'aller voir le ciel. Il était prêt. Prêt à aller dans le ciel, avec Karel, avec l'ange qu'il venait de rencontrer. Prêt.


Il entendit vaguement la voix de Karel prononcer son prénom, mais il n'y fit pas plus attention que cela, considérant que cela devait faire partie du rituel à accomplir pour aller au ciel. Prononcer le prénom de celui-ci avec qui on partait. Il hésita un instant à prononcer le prénom de Karel à son tour, mais se dit que si il devait le faire, Karel lui aurait dit. Karel savait ce qu'il faisait, c'était un habitué de la chose, alors que lui ne l'avait jamais fait encore. Jamais il n'était monté au septième ciel comme ça, que ce soit seul ou avec quelqu'un d'autre.


Puis il sentit la main de Karel sur son bras. Une main douce. Jimmy se dit que Karel avait même les mains d'un ange et cela le rassura. Il sentit cependant que Karel transpirait légèrement, et cela le fit sourire. Au fond, « son ange » était un homme comme un autre, comme lui, mais en plus vieux... Oui parce que Karel était bien plus vieux que lui, lui n'avait que cinq ans, et un ange c'est immortel...


Il entendit la voix de Karel parler encore un peu, lui dire qu'ils allaient s'envoler. Ils allaient s'envoler. Le bonheur absolu. Il allait monter dans le ciel, lui petit Jimmy Purter allait monter au ciel. Un mélange d'appréhension et de bonheur se battaient pour prendre le dessus dans le corps du jeune homme. Appréhension de ce qui allait se passer. Bonheur de voir quelque chose qu'il ne connaissait pas. Appréhension de ne pas aimer ce qu'il allait voir. Bonheur de ne pas être seul pour vivre ça au cas cela se passait mal. Les deux émotions se battaient en ce moment-même dans son corps, luttant pour prendre le dessus sur l'autre. Il ne savait pas comment faire pour arrêter cette peur irrationnelle qui avait tendance à monter. Quelque chose en lui semblait lui dire qu'il se passait quelque chose de louche, quelque chose qui ne devrait pas se passer, mais il n'arrivait pas à voir ce que cela pouvait bien être. Il hésita à le demander à Karel, mais peut-être que Karel non plus ne saurait pas...


-Ouvre les yeux, lui demanda Karel doucement, dans un murmure, dans un souffle. C'était déjà fini? Ils étaient déjà de retour sur terre? Mais il n'avait même pas remarquer qu'ils étaient aller dans le ciel... Non, ça ne pouvait pas déjà être fini. Ça ne pouvait pas!! Si c'était déjà fini, il allait crier, parce que bon Karel lui avait promis de l'emmener dans le ciel et il ne l'avait pas fait... Jimmy avait déjà remarqué que les adultes mentaient souvent, mais il voulait espérer que Karel ne lui avait pas menti...


« -Non je veux pas ouvrir les yeux, murmura Jimmy d'un air déterminé. Parce que ça voudrait dire que c'est fini, et pourtant on est pas encore allé au ciel si? Ou alors t'es monté tout seul Karel, et c'est pas gentil de pas m'avoir emmener.... »


A peine sa phrase terminée, Jimmy la regretta. Il s'était trompé. Karel ne lui avait pas menti, il voulait juste qu'il ait les yeux ouverts pour monter dans le ciel. C'était évident! Pourquoi n'y avait-il pas pensé avant?
Le jeune homme ouvrit les yeux tout de suite après s'être dit cela, et vit Karel à quelques centimètres de lui. Proche. Très proche. Trop proche. Encore une fois il eut l'impression que quelque chose clochait, mais il ne voyait pas quoi. Cela lui fit peur, il ouvrit des grands yeux effrayés et regarda Karel étrangement. Pourquoi il était si proche? Pour ne pas qu'il tombe en volant. Et dans ce cas, il ferait mieux de se tenir pour ne pas tomber. Se tenir, oui, mais à quoi? A Karel! Jimmy attrapa le bras de Karel rapidement:


« -Je veux pas tomber! Tu me laisses pas tomber Karel! Je te fais confiance pour qu'on vole ensemble! Tu me lâches pas hein? Je te lâche pas et je te tiens mais faut pas que tu me lâches... Me lâche pas!!! »


Sa voix fut presque un murmure à la fin, il avait peur de tomber dans le vide une fois qu'ils seraient dans le ciel.
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Karel Stamenkovic
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MessageSujet: Re: Fin (privé)   Fin (privé) Icon_minitimeJeu 16 Juin - 21:58

(navrée pour l'attente. j'ai aimé écrire le post en tout cas)

« -Non je veux pas ouvrir les yeux. Parce que ça voudrait dire que c'est fini, et pourtant on est pas encore allé au ciel si? Ou alors t'es monté tout seul Karel, et c'est pas gentil de pas m'avoir emmener.... »

La rebuffade de Jimmy surprit Karel. Les deux hommes étaient étendus sur le sol, leurs corps à quelques centimètres l’un de l’autre. La main droite de Karel reposait toujours doucement sur le bras de Jimmy et celui-ci se tenait bien agrippé au jeune croate. Le contact des paumes puissantes de Jimmy, les doigts qu’il enfonçait dans sa peau jusqu’à lui en faire mal dans sa crainte de tomber affolaient Karel. Il sentait l’odeur de l’autre, une odeur adulte et innocente à la fois dans la totale ignorance que son propriétaire en avait. La tête lui tournait à force de faim, la faim terrible qui creusait son corps depuis des années. Une faim à l’état pure; faim de tendresse, faim d’affection, faim de chair, de présence, de confiance, d’illusion, d’espoir, faim de tout autre chose que de lui-même, légèrement teintée de la répulsion que lui inspirait le corps adulte de Jimmy.
Son esprit retrouvait une simplicité de pensées remarquables. Un plan, simple, précis, certain, s’établissait avec aisance dans son esprit affamé. Lui, Karel. Et ce qu’il voulait. Un mouvement entre les deux. Une fois la notion de future, de conséquence, éclipsée de l’équation, tout se dessinait clairement devant lui.

Le refus soudain de Jimmy de lui obéir déstabilisa le Croate. Un instant, le charme se rompit et il retrouva un semblant de raison. Mais avant qu’il puisse se faire violence et s’arracher à l’attraction de l’homme-enfant sur lui, Jimmy s’excusa et ouvrit les yeux.
Ses iris bleu se braquèrent sur le Croate avec un mélange de crainte et de confiance qui foudroya toute volonté de résistance. Ce regard…

« Tu me laisses pas tomber Karel! Je te fais confiance… »

Confiance… Jimmy lui faisait entièrement, totalement confiance…
Karel ne méritait pas cette confiance.
Mais Jimmy la lui donnait. Et il la voulait… Dieu, il la voulait. Cette illusion d’être tout au monde pour un autre être… Même s’il n’y avait rien après. En espérant qu’il n’y aurait rien après.
Il voulait ressentir cela, encore une fois, juste une dernière fois…
Comme celle de Jimmy, sa voix était un filet, il crut un instant qu’il ne pourrait pas prononcer un seul mot.

« On va s’envoler Jimmy.
Trois.
Deux.
Un…
»

Il ferma les yeux et inspira profondément l’odeur de l‘homme-enfant. Sa première inspiration depuis des années. Ses bras attirèrent le jeune homme à lui avec une force qu’ils avaient perdue depuis de nombreux mois et se refermèrent sur lui. Il étreignit Jimmy de toutes ses forces, avec tout son corps, se regorgeant de cette sensation solide, vivante, animale tout contre lui. Il ne le laisserait pas tomber… pas celui-la... il ne tomberait pas.
Sa bouche affamée se posa contre celle innocente de son compagnon, s’y reposant un instant d’une trop longue solitude. Ses dernières pensées s’éteignirent comme des lucioles dans l’obscurité de son esprit.

Il eut conscience des pas s’approchant de leur cellule trop tard. Courant.
Il était trop tard depuis longtemps.
Il n’y aurait pas de lendemain.

(Sad
à toi de jouer pour la réaction de Jimmy…)
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